Il y a peu de temps, j’ai découvert un livre dont on m’avait beaucoup parlé et qui m’a passionné, “Les Gardiennes” d’Ernest PÉROCHON.

L’histoire se passe durant la première Guerre Mondiale, dans les Deux Sèvres, dans un lieu que je connais bien, le “marais mouillé” du Marais Poitevin. Au-delà de l’hommage rendu aux femmes à travers ce roman, il y a toute une partie qui aborde la vie des hommes, des femmes en l’occurrence dans ce livre, dans ce Marais Poitevin.

Aujourd’hui, on s’y balade aisément, on y pique-nique, on y fait de la barque, du vélo, on y pêche, on y flâne. Mais on a tendance à oublier qu’il n’en a pas toujours été ainsi ! Je me suis alors un peu penché sur la question : C’était quoi vivre dans le Marais Poitevin, à l’époque où le seul mode de déplacement était la barque sur les voies navigables ?!

Dans le marais mouillé, l’eau est omniprésente. Les habitants, que l’on appelle les maraîchins, construisent leur maison entre les rues terrestres et les voies navigables, ce qui aujourd’hui encore nous donne de charmants petits villages à visiter comme La Garette, Damvix ou Coulon par exemple.

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Généreux Marais Poitevin!

Les maraîchins trouvent tout ce dont ils ont besoin autour d’eux. Leurs maisons sont construites à partir de matériaux qu’ils trouvent dans le marais : la charpente est en bois de peupliers, l’isolation du toit est en roseau assemblé et lié en bottes, les tuiles proviennent du bri, cette fameuse argile extraite des marais, qui sont fabriquées dans les briqueteries locales (je vous conseille d’ailleurs au passage la visite de la Briqueterie de La Grève sur le Mignon, un petit bijou d’architecture industrielle…). Seuls les murs sont fabriqués à partir de pierres calcaires issues de carrières situées dans les plaines voisines. 

La partie habitat est souvent tournée vers la rue tandis que les bâtiments agricoles sont eux tournés vers l’eau, vers ces petites voies navigables que l’on a appelé des conches. Mais comment ne pas se perdre alors dans ce dédale de petits canaux, sans carte ni GPS ? Tout simplement, les hommes ont donné des noms à ces conches, comme l’on donne des noms aux rues, ce qui leur a permis de se repérer comme on se repère dans les rues d’une grande ville.

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Et oui parce que voyez-vous, dans le Marais Poitevin, on ne se déplace pas par voies terrestres, on se déplace en barque. Ce sont elles qui font office de charrette pour transporter des marchandises, pour transporter des bêtes ou simplement se rendre d’un village à l’autre. Il est alors courant de voir passer des vaches en barque au cœur du marais. Ces barques, se sont des “plates” et se sont elles qui, encore aujourd’hui, nous permettent de belles balades dans ce labyrinthe vert. Drôle de nom me direz-vous, les “plates”…

Ces embarcations ont un gros avantage, elles sont plates et permettent ainsi de naviguer à travers des conches ayant peu d’eau et donc peu de profondeur, notamment l’été. Les maraîchins naviguent ainsi grâce à “une pigouille”, cette longue perche en bois de saule ou de frêne, de 4 mètres de long, que chaque maraîchin se fait un devoir de fabriquer lui-même, lui permettant de propulser aisément la “plate” remplie de trois tonnes d’animaux ou de matériel.

Aisément ? Pas tant que ça, je vous assure que c’est un vrai coup de main à prendre !

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Rude Marais Poitevin?

Pas plus qu’ailleurs finalement. Il est vrai que les inondations reviennent chaque hiver mais les maraîchins ont l’habitude et s’en accommodent. Le Marais Poitevin subvient à tous leurs besoins : peuplier pour se chauffer, anguilles pour dîner, fraîcheur durant l’été.

Dans ce labyrinthe de verdure, la faune, la flore et l’homme cohabitent et se respectent. Une chose est certaine, malgré les difficultés que cela peut être de vivre dans un marais pour rien au monde les maraîchins d’hier et d’aujourd’hui ne souhaiteraient vivre ailleurs ! Tentez l’expérience, il suffit d’une balade au cœur de ce marais pour être séduit à son tour par sa tranquillité, sa quiétude, sa beauté, sa grandeur.

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Histoires locales
Écrit le 05/07/2021
Laetitia, maman baroudeuse